LE MARCHE DE L’INSECURITE

Ce n’est un secret pour personne : les pays du sud du Sahara traversent depuis quelques temps une période d’insécurité qui affecte sérieusement le climat des affaires. Avec ce vent de terrorisme qui grossi et se déporte comme un tourbillon, investir ou faire des affaires en général présente des risques de périls.

Nombre d’investisseurs se sont rétractés, d’autres plus pessimistes se sont retirés carrément du marché. Ne nous voilons pas la face, l’économie a perdu de sa superbe – dans certains Etats plus que d’autres et certains secteurs plus drastiquement que d’autres. Pour ce dernier point effectivement, des secteurs entiers se retrouvent annihilés dans leurs activités.

Le tourisme est le plus en souffrance dans cette perte de vitesse générale des activités. Nos pays n’attirent plus (pas autant qu’avant). Des patrimoines culturels sont attaqués, détruits ou endommagés. Des sites désormais infréquentables en raison des risques d’attaque. Bref toute une chaine d’activités satellites désormais au point mort ou au ralentit dans le meilleur des cas : les agences de voyages, les organisateurs de tours, les restaurants et hôtels sans compter les guides touristiques.  

Mais l’insécurité du marché crée le marché de la sécurité

Dans cet univers de mortalité accrue des entreprises ou de leurs activités, l’on note un taux de natalité élevé dans le domaine de la sécurité. De nombreuses entreprises se sont créées au plan interne et proposent des services de gardiennage, protection et surveillance. De nombreuses sociétés officiant également dans le domaine de la formation sécuritaire ont débarqué. Elles proposent des formations sur des modules de sécurité.

Et le marché existe. Ce sont les centaines d’ONG et de mines qui travaillent dans la zone et qui doivent malgré tout poursuivre leurs activités. Résultat, il faut s’armer et être préparé à faire face à l’impitoyable. Les services de ces entreprises s’imposent et ont le vent en poupe.  Nombre de société de renom ont déjà déposé leur valise et ont ouvert des représentations.

Nos pays sont devenus (à raison) des marchés propices aux produits de la sécurité. Disons-le clairement, l’instabilité crée son marché et favorise certains types d’activités.  Hier encore les services de sécurité étaient perçus comme des produits de luxe ou très peu utiles. Aujourd’hui, ce n’est plus cas.

Le changement de paradigme

Le consommateur est maintenant déterminé par la sécurité que tout autre chose.  Au fond, les besoins sont les mêmes ; mais les facteurs ont changé. Dans le passé, il suffisait d’avoir un beau cadre pour convaincre et attirer le consommateur. Cela ne suffit plus ou n’est plus d’actualité. Il faut avoir un solide dispositif sécuritaire pour convaincre et attirer. Comme dit plus haut, les facteurs ont changé. Ce n’est plus le même paradigme.  

A titre d’exemple, avant, les hôtels étaient des espaces ouverts avec de belles allées et des jardins bien fleuri pour attirer le passant. Aujourd’hui la donne a changé, ils sont obligés de se barricader littéralement. Si ce ne sont pas des murailles, ce sont des barbelés et autres bétons armés avec des gardes aux armes dissuasives. Faute de tout ceci, vous n’êtes pas homologués et n’aurez jamais un certain type de clientèle.

Avec les attaques perpétrées au centre-ville, les consommateurs sont plus en périphéries ou les centres de loisir se sont déportés. Ce sont les adresses qui ont changé, pas les habitudes.

Rapport au risque et stratégie du risque

Le business comporte toujours une part de risque. L’insécurité n’est rien de plus qu’un risque. Certes le terrorisme cristallise toutes les inquiétudes (et à juste titre) mais il n’est pas la seule insécurité que peut comprendre un investissement quel qu’il soit.

A défaut, la vie se serait arrêtée en Afghanistan en Irak et tous ces pays en proie à une instabilité politique. L’environnement fait partie des risques que vous vous devez de connaître et prendre en compte dans votre stratégie. Il ne s’agit nullement d’une barrière absolue.

Prendre des risques fait partie du quotidien des entrepreneurs, mais le rapport au risque varie et son analyse permet de saisir les tendances en décryptant l’état du marché. Dans ce contexte d’insécurité, les entreprises doivent désormais considérer la nouvelle psychologie du client : maintenant plus déterminer par la sécurité. En considérant ce facteur clé, les entrepreneurs doivent reconsidérer la localisation de leur business, le circuit, la logistique, etc.

L’insécurité ouvre donc la voie à une réflexion sur la manière dont on doit mener les activités qui se trouvent directement affectées. L’environnement évolue et les entreprises doivent sans cesse s’adapter aux changements.  Les changements liés à l’environnement sont l’occasion pour l’entreprise de définir une nouvelle stratégie. Quelles sont les opportunités et les menaces liées aux mutations ? Quelles sont les forces et les faiblesses de l’entreprise ? Le changement est-il prévisible ou non ? Faut-il anticiper ou subir ? Le challenge étant de s’adapter au contexte.

Parce que la vie continue malgré tout. N’en déplaise aux plus sceptiques, bien de monde continu de mener rondement leurs activités et à faire fortune. Tout n’est pas perdu- l’espoir est permis.